Etonnant millésime 2010 en Provence et en Corse. Un millésime que nous pouvons qualifier de tardif et compliqué, comparé à 2009. Les conditions climatiques furent variées d’un département à l’autre. Dans la zone des coteaux d’Aix en Provence, on a observé un départ tardif du cycle végétatif de la vigne; tardif, certes ,par rapport aux 10 dernières années, mais relativement classique on remontant un peu plus loin dans le temps.
Cette remise aux normes est dû à un hiver qui s’étala jusqu’en mars. Hiver frais et relativement humide, les précipitations ayant été de 200 mm dans la zone d’Aix-en-Provence. Le printemps plutôt mitigé, ponctué par des précipitations régulières qui rafraîchirent l’air. Ce climat humide, a sensiblement augmenté la pression sanitaire. Grâce à un été chaud et sec, les précipitations s’absentèrent dès la fin du mois de juin. Des réserves d’eau suffisantes évitèrent un stress hydrique déséquilibré pour les vignes.
Les raisins récoltés furent de bonne qualité, des déséquilibres physiologiques et phénoliques ont été remarqués sur des parcelles de blancs et de rouges. Certains rouges manquèrent de profondeur mais présentèrent des tanins fins et fondus, tandis que certains blancs présentèrent des acidités un peu élevées. C’est une très bonne année en Provence pour les vins rouges, ils ne sont pas tous de garde, mais excellents à boire dans leur jeunesse.
En se rapprochant des côtes, les conditions furent différentes des vins de l’arrière-pays. L’humidité qui a enveloppé l’ensemble de la région a causé plus de dégâts dans les vignes. La pression mildiou, oïdium, pourriture grise, fut présente tout au long de ce millésime. Le millerandage dû à des températures fraîches et instables, ainsi que la coulure, rendirent le travail difficile pour les vignerons. Néanmoins, les vignes ne souffrirent pas des hautes températures de l’été.
En Corse, le ton chez les blancs se situe nettement au-dessus. De très belles découvertes dans l’appellation Patrimonio, et sur les vins de l’appellation vin de Corse. Certes, ce ne sont pas des vins de grande garde, mais excellents à boire dans leur jeunesse. La Corse s’en tira bien, car les conditions climatiques qu’elle rencontra en 2011 furent difficiles à appréhender. En effet, l’hiver fut excessif, avec 500 mm de précipitations moyennes! Seul point positif, les réserves souterraines en eau furent largement réapprovisionnées. Comme quoi tout vient à point pour qui sait attendre...Mais les pluies ne furent pas les seules épreuves à surmonter, la neige arriva, avec des températures fraîches! Cette fraîcheur, entretenue et maintenue par la neige, provoqua des reprises tardives des cycles végétatifs. De plus avec des pluies qui ne cessèrent guère et détrempèrent les rangs de vignes, rendant toute manœuvre difficile. Cette humidité favorisa les attaques incessantes du mildiou.
Il fallut attendre l’été sec pour entrevoir la fin de ces agressions. De fait, l’été 2008 en Corse fut clément, bien ensoleillé et sec, favorisant une bonne maturation des baies. Les vendanges purent avoir lieu dès le début du mois de septembre pour les cépages les plus précoces, et jusqu’à la deuxième quinzaine d’octobre pour les plus tardifs, comme le Niellucciu. Le retour des pluies, lors de la mi-septembre, contraria quelque peu la qualité sanitaire des raisins, mais sans gros dégâts pour autant. Les vins rouges sont simples et fins. Ce ne sont pas des vins destinés à la garde. En revanche, les rosés élaborés avec les cépages à maturité précoces sont très intéressants, de même que les blancs secs. Les muscats sortent grandis de ce millésime relativement frais et pluvieux, ils affichent de beaux équilibres, ce sont de très beaux vins liquoreux.
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