Millésime qui s’annonça excellent, parfait, avec des conditions climatiques exceptionnelles dès les départs des cycles végétatifs. Hélas, lors des phases de maturité, les vignes furent secouées par des conditions ignobles qui gâchèrent l’essentiel de la récolte… Revenons sur ce millésime 2010 qui débuta si bien, mais qui finit si mal. Les vignerons n’y purent strictement rien, mère nature fut trop forte… L’automne 2009, idéal, emmena gentiment les vignes vers la trêve hivernale. Le thermomètre descendit petit à petit, de 11°C en moyenne en octobre, puis de 9°C en novembre, et 3°C en décembre, avec 4 jours de grand froid. Novembre fut arrosé normalement, pour un mois d’automne, avec 67mm de précipitations en moyenne.
L’hiver vit la neige arrivée dès la fin du mois de décembre et jusqu’en janvier. Les températures de janvier furent très fraîches, 0°C en moyenne sur le mois. Puis elles remontèrent tout doucement jusqu’en mars. En janvier, c’est la période de la pré-taille pour les vignerons et la fin de l’émondage (qui débute en automne), cette opération consiste à couper les vieilles branches, sarments ou charpentes des vignes. Celles-ci sont alors brûlées pour tuer définitivement les maladies du bois (excoriose) et l’oïdium. Au mois de mars, on procède au labour afin d’aérer la terre, ce qui aidera la vigne à reprendre son cycle végétatif le moment venu, en avril pour les premiers bourgeons.
En effet, le mois d’avril, le mois du printemps, offrit des températures très clémentes avec une moyenne des températures de 17°C par endroits, sans pluie! Ces conditions permirent une reprise rapide des cycles. Les vignes se développèrent rapidement; on passa très vite des premières feuilles, aux bourgeons et ensuite aux petits raisins. Jusque-là l’année s'annonça très bien, trop bien dirent certains… Ils eurent raison, car tout dérailla progressivement à partir du mois de juin sur l’ensemble du vignoble, seuls quelques domaines furent épargnés. En effet, alors que la floraison avait bien débuté, au début du mois de juin, des températures très basses la nuit, et fraîches le jour se firent sentir. La floraison fut retardée. Cette fraîcheur causa du millerandage et de la coulure par endroits. La floraison repartit seulement à partir du 20 juin, pour s’achever définitivement pour les cépages noirs (pinot noir et pinot meunier). En cette année 2010, la floraison accusa un retard de 5 jours, plutôt exceptionnel. On retrouva ce retard plus tard, dans les maturités des raisins…
La pression du mildiou fut très forte car de violents orages ce s'abattirent à la fin du mois de juillet, échos des fortes chaleurs que connut la Champagne les semaines précédentes. Hélas, ces orages et pluies abondantes continuèrent leur œuvre de destruction au mois d’août, surtout à partir du 15, gênant la poursuite de la maturité des baies. Les raisins gorgés d’eau, devinrent très sucrés à cause des fortes chaleurs, les maturités phénoliques demeurèrent absentes…La pression de la pourriture grise s’accrût toujours plus, et finit par exploser en ce mois d’août. De nombreux secteurs touchés, le trie lors des vendanges s’avèra très sévère ! Désormais, les vignerons surent, sauf miracle, que la récolte serait faible en rendement, les maturités difficiles à atteindre, bref que ce millésime serait très dur. Malgré un temps plus clément en septembre au moment des vendanges, la pourriture grise fit du ravage dans les vignes, hormis certaines communes viticoles épargnées. Le travail des vendangeurs fut énorme pour trier les raisins sur pied, puis à la table de trie. Mais ce travail de haute couture ne permit pas d’élaborer des champagnes de haute volée, certaines maisons de champagne n’élaborèrent pas de champagnes millésimés cette année.
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